Les moyens du pianiste

L’écoute du pianiste

L’écoute : le son musical , l’acoustique, l’ouie

« Le piano a sa beauté sonore spécifique, son moi qu’on ne peut confondre avec rien d’autre au monde»

Heinrich Neuhaus

 

Si la qualité du son du piano est primordiale pour la création d’un son musical, l’acoustique ou il se diffuse y ajoute de l’intensité.

Le pianiste est, en tant que créateur sonore, son premier auditeur . Son oreille apporte au fur et à mesure du jeu musical les informations perçues à son cerveau ce qui lui permet par la réflexion de les enrichir de son expérience personnelle.

 Le son

Partons à la conquête des mondes musicaux grâce au son d’un piano . (Dessin ondulatoire)

Le piano , par l’étendue des fréquences qu’il peut produire , son volume sonore et sa facilité d’exécution facilite l’ approche du phénomène sonore.

 

Partons de la source : la corde tendue , frappée par l’action de la touche, se met à vibrer à une certaine fréquence. Cette oscillation génère une onde sonore qui traverse l’air, fluctuant dans la pression atmosphérique jusqu’à notre oreille.

Voici la fréquence des différentes notes d’un clavier de piano.

Schéma clavier + fréquences

la corde de piano produisant 440 vibrations par seconde est celle frappée par l’action du  la au dessous du Do médium. (+Son)

Celle produisant 220 vibrations par seconde par l’action du la se trouvant une octave plus bas (+son video+ analyseur ? )

Celle produisant 880 vibrations par seconde par l’action du la se trouvant une octave plus haut (+son)

 

il suffit de siffler ou chanter à proximité des cordes d’un piano pour qu’elles fassent office de résonateurs. Certaines cordes peuvent vibrer à la fréquence de la note émise  (+son)

une corde de piano tendue peut vibrer à plus d’une fréquence et produire les notes harmoniques naturelles (+son)

 

Piano et accoustique

Lorsqu’une note est jouée au piano ,le pianiste entend essentiellement le son direct de l’instrument mais également le son réfléchi par la pièce dans laquelle il se trouve  . Ces réflexions du son sur les murs ajoutent une certaine  intensité et modifient la qualité du son perçu par le pianiste ou ses auditeurs. On mesure le son réfléchi grâce au temps de réverbération : il s’agit du temps que met un son pour perdre 60 dB de son intensité initiale.

 

L’oreille du pianiste

«Le musicien peut vous chanter le rythme qui palpite dans tout espace,

Mais il ne pourrait vous donner l’oreille qui saisit le rythme, ni la voix qui lui fait écho.»

Khalil Gibran -  Le prophète

 

Même si l’on sait aujourd’hui beaucoup de choses sur la structure de l’oreille et les voies nerveuses qui la relient au cerveau, le sens de l’ouïe reste un système complexe et conserve une certaine  part de mystère.

 

Les oreilles externes, remplies d’air , canalisent , conduisent les vibrations des sons au tympan . Le tympan vibre alors en réponse aux ondes perçues et les trois osselets transmettent à leur tour ces vibrations à la membrane recouvrant la fenêtre ovale de l’oreille interne. L’oreille interne convertit les vibrations des sons en impulsions électriques qui se propagent jusqu’au cerveau par un système complexe de voies nerveuses.

Le pianiste est ainsi informé du moment de l’apparition d’une note, de son rythme de répétition. Il peut estimer sa hauteur et son contenu fréquentiel , sa puissance. Il nourrit ainsi à travers sa perception sa faculté de se représenter mentalement les sons,  son imagination créative … et surtout son jeu instrumental.

 

« L’oreille interne de l’imagination est un stimulant beaucoup plus puissant que tout ce qui peut provenir de l’observation extérieure» (Glenn Gould).

 Décodage du signal par le cerveau

 

Les mains du pianiste ou la transformation de l’ inertie en énergie

 

Le maître suivit attentivement mon essai, corrigea tranquillement ma position exagèrée, me félicita pour mon enthousiasme, mais me réprimanda pour l’excessive dépense d’énergie. Pour le reste, il me laissait faire. Mais il touchait chaque fois un point sensible quand, au moment où je tendais l’arc, il me rappelait : «Détendu ! Détendu !»

Zen et tir à l’arc – Eugen Herrigel

 

Si La technique peut sembler sans âme à certains, ceux dont les mains sont exercées la considère comme intimement liée à l’expression. Frédéric Chopin affirmait à son propos : « Par la technique je me débarrasse de la technique »

 

Importance de la position du corps, rôle des bras et des poignets

 

la position de jeu adopté par le pianiste engage tout son corps même si la rencontre avec le piano se situe essentiellement au niveau tactile.

Asseyez vous à une hauteur convenable pour assurer l’horizontalité de l’avant-bras. Ne jouez pas les épaules serrées

 

La position de la main est conditionnée par la façon de s’asseoir au piano. Elle est également déterminée par la hauteur du poignet.

Trouver une liberté totale du bras depuis l’épaule jusqu’au bout des doigts en passant par le coude et le poignet. On utilise souvent pour décrire l’aisance du bras  l’image utilisée par le pianiste russe Heinrich Neuhaus d’un pont suspendu , très souple, allant de l’épaule à l’extrémité des doigts posés sur le clavier.

 

Le poignet tient également un rôle essentiel dans la liberté du jeu. Le pianiste concertiste et pédagogue Jean Fassina considère qu’ il agit comme un poumon , permettant aux muscles de s’oxygéner.

 

Les doigts véhiculent le poids du bras et du poignet – Ce sont eux les moteurs qui articulent, produisent le son. Enfin sur eux que se concentre l’attention du pianiste ! Alternez le travail articulé et le travail de près. L’articulation se réduit à mesure que la vitesse augmente.

 

La stabilité des doigts leur garantit de pouvoir supporter n’importe quelle charge et de pouvoir émettre un son de n’importe quelle intensité. Pensez à votre pouce et ne versez pas la main sur l’auriculaire, chaque doigt conservant son attaque propre.

Le mécanisme de l’instrumentiste et de l’instrument se combinent grâce au toucher. Par toucher, on entend  la conscience qu’a le pianiste de la rencontre de la pulpe des doigts avec la masse du clavier.

La peau de la pulpe est très sensible car elle contient les dernières ramifications des nerfs sensitifs. En affinant les sensations de la pulpe digitale,  le pianiste prépare et améliore la distribution de l’énergie.

 

En encadré : Connais-toi toi-même

 

Connais-toi toi-même serait l’injonction par excellence à adresser à ceux qui étudient le piano. Observez-vous, Ressentez , expérimentez !!! Perfectionnez vos fonctions musculaires et développez naturellement votre mémoire musicale grâce à votre capacité de représentation de vos propres mouvements.

Les ressources organiques de notre appareil tactile ne peuvent plus être ignorées. Car Apprendre les mouvements les plus physiologiques, c’est également apprendre à penser les notes.

Surtout n’oubliez pas ces paroles d’Heinrich Neuhaus paraphrasant les pensées du poète russe Alexandre Blok

« Est-il pianiste parce qu’il possède une bonne technique ? Non bien sûr, il possède la technique parce qu’il est pianiste, parce qu’il sait exprimer par le son le contenu poétique, le sens profond, l’harmonie et les lois de la musique.»

 

Pour finir,  ne forcez jamais votre main. Si la fatigue vient, reposez vous un moment ou changez d’exercice.